Le Québec est une région mondialement connue pour sa bière. Au Canada, le Québec affiche un portrait diversifié et mature, avec plus de 330 microbrasseries à travers la province, ce qui la met en troisième position nationale pour son nombre de brasseries.

À cheval entre la tradition anglaise, américaine et européenne, la scène brassicole québécoise est connue à la fois pour sa diversité des goûts, sa maturité, sa grande qualité et son attachement au terroir.

Carte des microbrasseries du Québec

Microbrasseries artisanales au Québec en 2025

Troisième province pour le nombre de microbrasseries au Canada, le Québec jouit d’une réputation internationale avec de véritables institutions qui ont tracé la voie comme Unibroue, Belle Gueule et Boréale. La croissance de la bière artisanale a atteint un sommet autour de 2015, avec plus de 100 nouvelles brasseries ouvertes en une décennie. En 2024, plus de 70% des microbrasseries avaient moins de 5 ans. Malgré un ralentissement marqué depuis 2022, le Québec continue de se démarquer dans l’originalité et sa variété, doté d’un savoir-faire mondialement reconnu.

La bière artisanale au Québec génère un poids économique de plus de 800 millions de dollars et crée des emplois dans un écosystème englobant fournisseurs d’ingrédients, équipements, services-conseils, graphisme et transport.

À cela s’ajoute une dimension régionale et locale. La majorité des brasseries sont situées dans des villes de moins de 10 000 habitants. Bien loin du volume commercial, 80% des microbrasseries écoulent un volume de moins de 2000 hectolitres.

Quels sont les styles de bière les plus populaires au Québec?

Chez le détaillant, les styles de bière les plus populaires étaient respectivement la NEIPA, la lager et l’ale blonde. À noter que la rousse et la blanche ressortaient souvent en deuxième ou troisième position à travers la province, dénotant un certain intérêt pour les styles classiques. On note aussi la présence marquée de la sûre parmi les 3 meilleurs vendeurs. Curieusement, alors que le Stout est si prisé dans ses variétés les plus copieuses, ce style semble largement ignoré du grand nombre.

En microbrasserie, la famille des IPA (et surtout la NEIPA) occupait un bon 69% des trois meilleurs vendeurs de 60 microbrasseries qui ont partagé leurs données de vente avec Le Temps d’une Bière. La domination de cette bombe houblonnée cache cependant une tendance contraire : trois styles classiques qui remontent tranquillement dans les ventes année après année : la blanche, l’ale blonde et la rousse. Côté lager, on voit une remontée robuste de la pilsner tchèque. Un petit vox populi sur Facebook auprès des amateurs montrait un fort engouement pour Silo, Mellon, l’Amère à Boire, Herman et Maltstrom.

Bien sûr, la marge d’erreur est plus grande dans la deuxième moitié de notre tableau. Pour éviter de spéculer, on peut diviser la préférence des consommateurs en trois tiers : Tiers 1) NEIPA, Tiers 2) bières classiques de soif et pintables, et Tiers 3) bières niches à personnalité forte.

Tout semble indiquer que le Tiers 2 prend de plus en plus d’ampleur, marquant le désir du consommateur de retrouver une bière premium similaire à l’offre commerciale. Ainsi, les blanches et les lagers mexicaines gagnent une part de marché importante, alors que les sûres et les pilsners suivent tranquillement derrière. À l’inverse, on trouve bien peu de porters et de stouts parmi les choix populaires.

En 2025, la pintabilité et le rapport qualité-prix dicteront les choix des consommateurs. Michel Boyer est chef senior des ventes chez Six Pintes, une enseigne qui regroupe six microbrasseries dont le Trou du Diable à Shawinigan. Michel note quant à lui une tendance forte vers les lagers légères, un phénomène qui s’est d’ailleurs traduit par l’apparition de multiples nouveaux formats commerciaux en plus petite quantité, capables de concurrencer avec les brasseries commerciales.

Par exemple, la microbrasserie Dieu du Ciel! connaît un bon succès avec sa Sentinelle, une caisse de 12 × 355 ml vendue autour de 25$, alors que Farnham vient de sortir elle aussi une caisse de son meilleur vendeur à 12 × 355 ml.

Pour Michel, cela s’explique par une recherche de sûreté chez le consommateur. « Les consommateurs cherchent quelque chose de facile à boire avec une facture raisonnable, plus près de la bière commerciale premium. On voit aussi que depuis la pandémie, le panier d’épicerie de bière artisanale s’est beaucoup réduit. Maintenant, les consommateurs prennent 3 à 4 bières de valeur sûre, et complètent leur achat avec une caisse de 6 ou de 12 bien pintable, mais plus abordable. »

Tout cela fait écho à nos entrevues aux congrès de l’AMBQ 2024. Dans les coulisses, les microbrasseries affirmaient se réapproprier la bière de soif et la Lager, mais en refusant de sacrifier leur originalité sur l’autel de la conformité (pourquoi brasser sinon?).

Les prix et le retour à la normale post-pandémique y sont pour beaucoup, bien sûr, mais on voit aussi que les nouvelles générations boivent bien moins d’alcool qu’avant. Pour la première fois depuis l’essor des bières artisanales, la production de bière artisanale a connu une croissance négative en 2024, avec une baisse de production de près de 50,000 hectolitres.

Devant la baisse de la consommation générale de la bière, surtout auprès des jeunes, l’offre sans alcool continue d’augmenter. Certaines des plus grandes enseignes, comme Boréale et Pit Caribou se sont lancées dans le bateau, de même que la brasserie Siboire, basée à Sherbrooke.

Quelle est la consommation de bière au Québec en 2024?

En 2023, les ventes de bière au Québec étaient de 5 millions d’hectolitres, une diminution de 10 % par rapport à 2019, alors à 5.5 d’hectolitres. Cette tendance s’inscrit dans un contexte national où les ventes de bière ont atteint leur plus bas niveau depuis 1949, avec une consommation moyenne de 65,1 litres par personne ayant l’âge légal pour consommer de l’alcool. Cette décroissance est en copie conforme de la baisse de consommation aux États-Unis.

Parallèlement, la bière sans alcool gagne en popularité. Depuis 2019, ses ventes ont triplé, représentant désormais 15 % du marché québécois de la bière. En 2023, 765 000 hectolitres de bière sans alcool ont été vendus, contre 245 000 en 2019 . Cette évolution reflète une préférence croissante pour des boissons à faible teneur en alcool, notamment chez les jeunes consommateurs.

Si le marché de la bière bat de l’aile, la popularité des seltzers et des cocktails en canette, elle, est au plus fort.

Quel style de bière préfèrent les Québécois?

Peut-être reproche-t-on aux microbrasseries d’avoir trop joué avec la palette de goûts durant l’âge d’or de 2010-2015, avec des extravagances qui n’ont plu qu’à une minorité, mais qui, à force de combiner trop de saveurs, ont fini par n’en avoir plus aucune. Ou peut-être n’est-ce qu’une fausse idée des consommateurs pressés, mal conseillés dans les mauvais arrêts. Après tout, la bière artisanale québécoise reste d’une grande qualité, s’attirant l’envie de la Belgique comme de la France.

Devant la récurrence de la demande pour la nouveauté, les microbrasseries renouent avec les vieux styles continentaux, plus pintables, plus conventionnels, plus faciles à mettre en marché et surtout moins coûteux à produire. Ainsi, nombreux étaient les brasseurs qui disaient au Temps d’une Bière que leurs meilleures ventes comptaient des lagers, des sans-alcool et des rousses.

Un marché solide

Je concluerais cet essai de bilan général avec une note d’un ami français rencontré dans les coulisses de l’AMBQ. Ce qui le marquait le plus au Québec était l’approche communautaire de la brasserie, c’est-à-dire cette idée que les brasseries artisanales avançaient dans la même direction, ensemble. Je constate pour ma part qu’un grand nombre de brasseries font de plus en plus de collaborations.

Dans les marges du congrès annuel à Québec, deux brasseries de Québec prolongeaient officieusement la journée en ouvrant leur portes convivialement à leurs confrères et consœurs. À Montréal, l’Isle de Garde qui faisait un party de Noël des brasseries suivant une tradition établie et respectée.

Pendant ce temps, à l’échelle de la province, je ne compte plus les brasseries qui m’annonçaient leur plan de 5 ou 10 collaborations pour l’année suivante, soit pour un anniversaire ou parce que ça fait voyager les goûts. Je me disais que c’est la confiance du partage qui gardait l’industrie vibrante d’authenticité, malgré les écueils.

Quelles sont les tendances de la bière au Québec

Revue de Bière

Voyages vélo et bière

Conseils de Brassage

📚 Ressources à découvrir sur la bière au Québec

  1. 🍺 1.
    Bière et Plaisirs – Le magazine incontournable de la culture brassicole au Québec : nouvelles, critiques, chroniques et événements.
  2. 🍺 2.
    Baron Mag – Bière – Actualités brassicoles, portraits d’entrepreneurs, tendances du design d’emballage et plus encore.
  3. 🍺 3.
    Brasseurs du Québec (AMBQ) – La référence pour découvrir les brasseries membres et les activités de soutien au milieu.
  4. 🍺 4.
    Bières et Saveurs de Chambly – Festival annuel mettant en valeur les bières artisanales, les spiritueux et la gastronomie locale.
  5. 🍺 5.
    JP Barbo – Histoire de la bière au Québec – Un survol historique passionnant de la bière dans la province, de la Nouvelle-France à aujourd’hui.
  6. 🍺 6.
    Tonneaux & Foudres – Bulletin indépendant sur l’industrie brassicole artisanale québécoise.
  7. 🍺 7.
    Top 10 bières québécoises – Untappd – Classements en temps réel selon les notes des amateurs de bière à travers le Québec.
  8. 🍺 8.
    La Route des bières de l’Estrie – Un circuit touristique de microbrasseries avec cartes et suggestions locales.
  9. 🍺 9.
    Craft Beer Québec – Des revues de bière utiles, franches et bien écrites, parfaites pour les amateurs comme les curieux.
  10. 🍺 10.
    Hop Citizen – Blog personnel explorant la bière artisanale et les découvertes brassicoles du Québec.
Le temps d'une bière
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