Quel est le lien entre Fidel Castro, la mafia et la prohibition américaine?🍺🍻

Dans les années 20, un mouvement migratoire des plus insolites se manifeste sous la forme de milliers de travailleurs de bars et d’hôtels en provenance des États-Unis vers Cuba. Cet exode est bientôt suivi par des millions d’argent blanchi par la mafia newyorkaise, argent qui se retrouve directement à financer le régime de Batista, alors dictateur tout-puissant de Cuba. Dans cet article, nous explorons comment la prohibition américaine a contribué à la prise de pouvoir de Fidel Castro.

Dans les années 1920, alors que les États-Unis entraient dans une ère de profonds bouleversements sociaux et politiques, un événement allait marquer l’histoire de manière surprenante : la prohibition. En 1920, le 18e amendement à la Constitution américaine entra en vigueur, interdisant la production, la vente et le transport d’alcool à travers tout le pays. Cette décision, soutenue par le mouvement de tempérance et portée par des idéaux de moralité et de sobriété, allait néanmoins engendrer des conséquences inattendues et transformer le paysage de la criminalité. Alors que la prohibition entravait la liberté de consommer de l’alcool aux États-Unis, elle allait donner naissance à une ère de contrebande, de corruption et d’opportunités inédites pour le crime organisé.

Bien que le cidre et le vin de messe fassent exception, l’interdiction de la bière et des spiritueux crée l’opportunité du siècle pour les familles du crime organisé de New York et d’autres grandes villes américaines comme Chicago. Un immense marché clandestin émerge hors de nulle part, transformant ce qui était essentiellement des bandes de voyous locaux en syndicats du crime internationaux . Les opportunités sont si grandes que c’est la bientôt une course contre la montre pour le contrôle de toute l’importation des précieux spiritueux vers les États-Unis.

Bien sûr, on fabrique de la bagosse à partir d’alcool industriel en pleine croissance grâce à l’explosion pharmaceutique, mais c’est dangereux parce qu’il faut le détoxifier. Même là, ça ne suffit pas à fournir à la demander d’alcool de qualité. Si la Nouvelle-Angleterre recèle de petits moulins cachés dans la forêt où cuisiner du moonshine, rien ne remplace le bon whisky de qualité.

Le Canada est une option, bien sûr, mais Il faut regarder ailleurs.

Cuba: Plaque tournante de l’alcool durant la prohibition américaine

Les choix sont simples. C’est soit le Canada, le Mexique ou les Caraïbes. Si l’offre est abondante dans les trois directions, chaque région touche à son propre marché d’importation et relève des défis différents. Au Canada, il faut contrer la douane terrestre, dont la distribution est vicieusement contrôlée par des gangs rivales. En Nouvelle-Angleterre, la proximité des territoires maritimes canadiens favorise l’essor des goélettes grâce à un juteux commerce triangulaire implicant Saint-Pierre et Miquelon, les distilleries européennes et les acheteurs locaux. Cela demande par contre beaucoup d’organisation et de temps. L’île de Cuba, en plein milieu des Caraîbe, offre à la fois la proximité et un port spacieux. Contrairement à Saint-Pierre et Miquelon, elle offre aussi l’avantage considérable d’un matché des liqueurs déjà très développé.

Considérons ou est situé Cuba pour comprendre le formidable avantage géopolitique offert aux contrebandiers. C’est que le commerce maritime international est en pleine expansion depuis quelques années. Tout comme à l’époque coloniale, les côtes des Caraïbes sont un passage obligé pour les marchandises passant du vieux au nouveau continent. D’ailleurs, les producteurs européens ne sont pas fous; ils ont déjà commencé à utiliser Cuba comme point de transbordement pour les Amériques.

Parmi les destinations clés pour répondre à la soif des Américains se trouvaient les Caraïbes, et en particulier Cuba. L’île, située à proximité des côtes américaines, offrait une combinaison unique de facteurs favorables à l’essor du trafic d’alcool. La croissance du commerce maritime international et la position stratégique de Cuba en tant que plaque tournante pour les marchandises reliant l’ancien et le nouveau continent en firent une destination de choix pour la contrebande d’alcool. Les producteurs européens avaient déjà commencé à utiliser Cuba comme point de transbordement, exploitant la géographie de l’île pour contourner les restrictions américaines.

L’autre avantage de Cuba est une île et est par conséquent à l’abri des lois américaines. À deux heures de Miami, il est facile pour les barons du crime d’aller et venir durant la même journée à la Havane. En outre, les commerçants américains sont déjà bien installés grâce à une politique musclée pour assurer la prédominance de l’oncle Sam. Ainsi, la voie est pavée pour que la mafia newyorkaise passe en vitesse supérieure…

La mafia new-yorkaise, à l’avant-garde de la contrebande d’alcool, vit en Cuba un territoire fertile pour étendre son empire criminel. L’île offrait un avantage crucial : son éloignement des lois américaines et sa proximité géographique avec les États-Unis. Les barons du crime pouvaient aisément se déplacer entre Cuba et les États-Unis pour superviser les opérations de contrebande. De plus, l’ingérence politique et économique américaine à Cuba facilita grandement les activités illégales de la mafia. L’influence américaine, mêlée à la complaisance du régime autocratique de Batista, créa un environnement propice à l’essor du crime organisé.

Les affaires marchent si bien que des mafiosi de renom commencent à considérer Cuba comme leur prochaine capitale internationale. On veut y construire des casinos, recycler l’argent sale des États-Unis, sans parler de contrôle le marché mondial des narcotiques. Mais on veut aussi répéter la chose partout dans la région. On parle même du Bélize comme un deuxième Cuba…

Cependant, les conséquences de la présence croissante de la mafia new-yorkaise à Cuba ne se limitaient pas seulement à la contrebande d’alcool. Les activités criminelles des mafiosi commençaient à infuser profondément dans l’économie et la société cubaines. Les casinos, les bars et les hôtels, aux mains de la pègre, façonnaient le paysage urbain et créaient des déséquilibres économiques. Les commerçants locaux, concurrencés par les milliers de travailleurs américains du secteur de l’hospitalité, luttaient pour maintenir leur gagne-pain.

De plus, l’exploitation abusive du régime autocratique pour servir les intérêts criminels ne fit qu’accroître les tensions au sein de la population cubaine. C’est que Cuba est en train de devenir le paradis perdu des Américains qui veulent se prendre une cuite. Encore pire, une bonne partie des hotels passent dans les mains du crime organisé qui y recycle son argent sale. Avec des milliers de barmans américans à la Havane, les barmans locaux ne sont peinent à trouver un gagne-pain.

De Batista à Fidel Castro

Au début, le régime autocratique de Batista – à l’époque dirigeant incontesté de Cuba – s’accommode bien de l’afflux d’argent étranger et l’aide occasionnelle de la mafia pour éliminer des opposants. Après tout, ces derniers fournissent des armes, ne posent pas de question, mettent sous silence les troublants syndicats et intimident l’opposition politique. Le clan Batista prête même les aéroports militaires contrôllés par à ses financiers de la mafia newyorkaise, tel que Meyer Lansky au traffix de stupéfiants en direction des États-Unis.

Le crime organisé, qui ambitionne d’exporter le modèle cubain ailleurs dans les Caraîbes, profite au max de sa petite entente avec Batista. Mais les abus du régime, combinés à la grogne populaire croissante contre l’occupation américaine et la montée du crime, sont des éléments important du paysage politique où s’imposera Fidel Castro.

À mesure que la présence de la mafia et l’influence américaine s’intensifiaient, des signes de mécontentement et de résistance commencèrent à émerger au sein de la population cubaine. Les abus du régime de Batista, la montée de la criminalité et la dépendance économique vis-à-vis de la mafia finirent par galvaniser les esprits rebelles. Fidel Castro, en particulier, émergea en tant que leader charismatique et porte-voix de la lutte contre l’occupation américaine et le pouvoir corrupteur de la mafia. Ces éléments allaient jeter les bases de l’insurrection qui finirait par renverser le régime et transformer radicalement le destin de Cuba.

Les affaires marchent si bien que des mafiosi de renom commencent à considérer Cuba comme leur prochaine capitale internationale. On veut y construire des casinos, recycler l’argent sale des États-Unis, sans parler de contrôler le marché mondial des narcotiques. Mais on veut aussi répéter la chose partout dans la région. On parle même du Belize comme un deuxième Cuba…

Au début, le régime autocratique de Batista – à l’époque dirigeant incontesté de Cuba – s’accommode bien de l’afflux d’argent étranger et l’aide occasionnelle de la mafia pour éliminer des opposants. Après tout, ces derniers fournissent des armes, ne posent pas de questions, mettent sous silence les troublants syndicats et intimident l’opposition politique. Le clan Batista prête même les aéroports militaires contrôlés par à ses financiers de la mafia new-yorkaise, tels que Meyer Lansky, pour le trafic de stupéfiants en direction des États-Unis

Après la révolution : un changement de direction?

Castro a été scrupuleux en ne déclarant pas que le mouvement politique dont il faisait partie était une entreprise marxiste-léniniste. Lorsqu’il s’est rendu aux États-Unis en 1955-56 et a prononcé des discours visant à lever des fonds pour sa cause, il a gardé ses cartes près de sa poitrine. Ce n’est qu’après le succès de la révolution que Castro et Guevara ont rendu leurs desseins clairs.

D’importants membres de la révolution, dont des combattants rebelles distingués et des esprits de la résistance clandestine, ont exprimé leur désapprobation envers la nouvelle direction du gouvernement révolutionnaire, qui s’est révélée être une dictature communiste sans élections légitimes sous Castro. Cette situation a incité de nombreuses personnes à fuir, notamment les partisans du dictateur déchu Batista. Les classes supérieures, dont les biens ont été saisis, ont également quitté le pays, tout comme de nombreux citoyens ordinaires, échappant par divers moyens, y compris des embarcations fragiles. Les exilés, souvent ayant soutenu la révolution au départ, ont ressenti de l’amertume et de la trahison, alimentant le désir de vengeance. Beaucoup se sont installés en Floride du Sud, principalement à Miami, tandis que d’autres ont rejoint le New Jersey, influençant leur culture locale avec leur musique, leur religion, leurs traditions culinaires et d’autres coutumes.

Meyer Lansky, Charles “Lucky” Luciano et Santo Trafficante Jr., des figures mafieuses américaines, ont perçu Cuba comme une base d’opérations lucrative et idéale. Lansky a établi une relation avec Fulgencio Batista pour réformer le jeu à Cuba, transformant l’île en un paradis du jeu avec des casinos de luxe, notamment le célèbre Casino de l’Hôtel Riviera. Cette expansion a engendré un secteur de divertissement florissant avec des boîtes de nuit, des orchestres de jazz latino, des spectacles élaborés et des artistes renommés des États-Unis. Parallèlement à cette industrie légale, un monde souterrain animé comprenait des bordels, des spectacles érotiques, des jeux de cartes à enjeux élevés et l’accès à des narcotiques.

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