La prohibition américaine, qui a eu lieu de 1920 à 1933, a été une période marquée par des conséquences dramatiques et imprévues. Crime organisé, empoisonnement, corruption au plus haut niveau, années folles, émancipation inattendue et bien d’autres développements se sont mélangées dans un cocktail surréaliste de moralisme aigu et de violence extrême. Mais comment en sommes-nous arrivés là?


La prohibition américaine en trois cocktails
Le Temps d’une Bière a invité la compagnie gatinoise de Mixo Loco à recréer les cocktails les plus marquants de la prohibition américaine. Émile, chef artisan et véritable encyclopédie de la mixologie, n’a pas perdu de temps pour repérer les recettes les plus marquantes, tout ça en lien direct, évidemment, avec l’histoire. Émile trace un lien direct entre les alcools frelattés et l’inventivité des barmans de speakeasy (les fameux bars cachés ou on entrait sur invitation). En effet, soda et toniques étaient régulièrement ajoutés à l’alcool pour cacher le goût infect de l’alcool “dénaturé” sortant de manufactures industrielles et détournées par des contrebandiers. Mais l’alcool maison (moonshine et bagosse) était aussi peu ragoûtant – en plus d’être dangereux pour la santé.
D’après Émile, les Américains ne boivent pas moins pendant la prohibition : ils boivent autrement. Un des grands barons de la prohibition américaine, Al Capone, aurait été un grand adepte du South Side, un cocktail de gin, de menthe, de bitter et de citron. Mais attention ! Al Capone était très exigeant sur son South Side. Il fallait le faire parfaitement, sinon ça allait mal pour le barman ! Par contre, le commun des mortels semble préférer des boissons comme l’Old Fashioned.
Au début de la prohibition américaine, le président Warren Harding était connu pour sa grande affection pour les cocktails, qu’il buvait et servait volontiers. Inutile de le préciser : ce président compte parmi les plus corrompus de toute l’histoire de la Maison Blanche. En pleine période sèche, il faisait livrer directement à la Maison Blanche moult champagne, vin et whisky qu’il servait abondamment à ses invités pour des parties de poker.
Le terme “Bee’s Knees”, tiré du jargon de rue de Chicago, était un compliment de l’époque. Le cocktail lui-même contient du miel, du citron et du gin. Le miel et le citron étaient utilisés précisément pour masquer le goût horrible du gin de contrebande. Le résultat final est floral, citronné et dangereusement délicieux.
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Qu’est-ce que la Prohibition?
La Prohibition américaine, qui s’est déroulée de 1920 à 1933, a été une période marquée par des conséquences dramatiques et imprévues. Crime organisé, empoisonnement, corruption au plus haut niveau, années folles, émancipation inattendue et bien d’autres événements se sont mélangés dans un cocktail surréaliste de moralisme aigu et de violence extrême. Mais comment en sommes-nous arrivés là ?
Quelles sont les origines de la prohibition?
Au début du XXe siècle, l’alcool coulait à flots dans les cabarets, les cafés, les bars, les pubs et les hôtels. Les pires institutions, surtout aux États-Unis, sont les fameux saloons, qui rappellent les westerns américains. Les saloons sont au cœur de la vie urbaine : on en comptait pas moins de 300 000 vers 1890. Bureaux de poste, toilettes, babillards de l’emploi, restauration rapide : les saloons offrent mille et un services aux travailleurs qui n’ont pas les moyens de s’offrir mieux. Ce sont aussi de véritables siphons financiers. Beaucoup sont à la fois des bordels et des casinos. Les conditions économiques obligent de nombreux travailleurs à les fréquenter. Les ouvriers gagnent des salaires de misère, mais les saloons leur offrent un déjeuner gratuit. L’ivresse nationale américaine n’a jamais été aussi féroce, atteignant le record mondial de 7 gallons d’alcool par an et par tête de pipe, même en tenant compte des abstinents.
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Qui était Conrad Labelle?
Conrad Labelle est né en 1898 dans une famille modeste à Farnham et déménage à Iberville, aujourd’hui Saint-Jean-sur-Richelieu. Vers 1912, son père vend la boulangerie familliale et part s’installer au Vermont. Conrad Labelle, qui suit avec toute la famille, va y apprendre le métier de boulanger. Lorsque la guerre éclate, il s’enrôle dans les forces américaines comme boulanger et voyage à Plattsburgh. Ou plutôt il essaie, mais on lui dit que l’équipe est complète. Il est recruté par deux boulangers qui lui offrent de travailler pour eux et éviter la conscription, mais se fera arrêté tout de même, en 1918 pour avoir échoué à se présenter à la convocation militaire. En 1919, il rejoint sa famille, désormais à Champlain, une ville frontalière. Depuis le fenêtre, Labelle voit passer bien des cargaisons étranges et ne rate rien du commerce illégal qui se dessine. Parfois, une superbe Cardillac blanche file comme un éclair dans la nuit. Il se demande de quoi il aurait l’air, lui, dans une belle Cadillac…
Après quelques mois, Labelle décide qu’il a envie de passer à l’action. Il rend son tablier et s’engouffre dans le train du bootlegging. Il faut dire que l’endroit est idéal. Champlain est à un jet de pierre des États-Unis et à moins d’une heure de de Montréal. Montréal est une ville “mouillée” et juste à la porte, un demi-continent de gens assoifés près à payer des prix de fous pour une mauvaise bouteille de whiskey. Dès avril 1920, les États-Unis estiment que 90 % de l’alcool saisi dans les États de la Nouvelle-Angleterre provient du Québec. En un voyage de contrebande, Conrad Labelle fait l’équivalent d’un mois de salaire. Dans une époque où les Québécois sont frappés de pauvreté, il tire 100,000 dollars de contrebande dans sa première année de bootlegging.
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Les Cantons de l’Est au temps de la prohibition
Les Cantons de l’Est à l’heure de la prohibition : ça brassait fort!
Qu’est-ce que la prohibition américaine?
Pierre-Olivier Bussières La Prohibition américaine, qui s’est déroulée de 1920 à 1933, a été une période marquée par des conséquences dramatiques et imprévues. Crime organisé, empoisonnement, corruption au plus haut niveau, années folles, émancipation inattendue et bien d’autres événements se sont mélangés dans un cocktail surréaliste de moralisme aigu et de violence extrême. Mais comment…
Qu’est-ce que la bagosse?
On retrace des alcools maison depuis le début de la colonisation en Amérique du Nord. À tout le moins, les colons français auraient très tôt tiré du vin de la vigne locale, quoique avec des résultats mitigés. Ils auraient fermenté de la bière d’épinette, mais avec un taux d’alcool habituellement au-dessous de 1%.
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