Pour le temps d’une bière, j’ai reçu nulle autre qu’Émilie Leclerc, également connue sous son nom d’artiste “La Petite Bière”. Il faut dire qu’il s’agit là d’une seconde carrière pour la jeune comédienne montréalaise qui s’est créé une deuxième identité sous la forme d’une”ambassadrice du nectar”. Mais attention, ne lui dites pas qu’elle est une influenceuse : Émilie brasse bien plus que de la photographie et des couleurs.
Derrière le kaléidoscope de saveurs visuelles que l’on retrouve sur son compte Instagram se cache une véritable chaîne de production dont le but avoué est de diffuser sa passion pour la bière artisanale. Portrait d’une ambassadrice à l’énergie débordante.
Comment est née La Petite Bière?
Ça s’est fait graduellement. Dans ma vingtaine, j’ai beaucoup joué à la télévision. Mais au Québec, il y a un étrange phénomène qui touche les femmes dans la vingtaine. C’est une sorte de vide fictionnel. À la télévision, il n’y a malheureusement pas de rôles pour les femmes trentenaires. Comme mon casting n’était pas à la mode, je me suis retrouvé un peu face au vide.
À force d’attendre que le téléphone sonne, je me suis trouvé un hobby. Comme que je ne travaillais pas, je voyais plus souvent mes amis et réalisais que mes amis me posaient beaucoup de question sur la bière artisanale, que j’aimais déjà à l’époque. J’ai donc créé un blog pour écrire tout ce que je répétais à mes amis. Mes premiers articles portaient sur la bière Boréale. C’est simple : j’écrivais sur les endroits où l’on pouvait se procurer de la Nord-Est de Boréale.
Il faut dire que j’avais envie de m’impliquer dans quelque chose, et j’ai vu une opportunité. C’était soit le journalisme ou la politique, mais j’étais démoralisée par le sort réservé aux femmes en politique. Bloguer sur la bière, c’était plus pour moi.
Pourquoi la Petite Bière ?
La Petite Bière, c’est la la bière que l’on donnait aux enfants et aux domestiques. Jusqu’à l’époque moderne, on faisait deux brassages. La première brassée donnait une bière plus alcoolisée, et la deuxième brassée était surnommée la petite bière. La petite bière était souvent une bière très peu alcoolisée qu’on donnait aux enfants.
Vu mon gabarit, je ne peux pas me permettre de boire beaucoup, donc je fais attention. Avec mon expérience de festivals, je me rends compte que ça vaut la peine de contrôler son alcool. Dans les festivals, j’entends des gens qui commencent tout de suite avec une scotch ale, mais je trouve que ça ne permet pas de vraiment savourer la qualité de la bière.
Personnellement, si je commence avec une scotch ale et que je bois ensuite une lager, ça gâche un peu mon expérience. À un moment donné, c’est une question de survie! Mais il y a aussi l’aspect de la modération : pour apprécier la bière, c’est important de boire mieux, mais aussi de boire moins. Ça aussi, c’est un message que je veux faire passer avec mon blogue.

Une journée dans la vie de la Petite Bière
Ce n’est pas seulement des publications sur Instagram, ça je te le garantis. C’est beaucoup de travail : on est toute une équipe pour gérer notre production. Je n’y arriverais jamais tout seule. D’abord, j’ai mon propre photographe, Carl Thériault avec qui je travaille presque tout le temps. J’ai aussi une assistante qui fait la pré-production et la post-production. Parfois, j’ai aussi une maquilleuse-coiffeuse. Selon le projet, on peut se retrouver quatre ou cinq à préparer nos photos pour une commande. Pour les séances de photos des produits, je dois porter plusieurs chapeaux, donc je fais plusieurs tâches à la fois.
Là, pendant le temps des fêtes, je reçois presque un colis par semaine. Ça fait beaucoup de bière! Heureusement, je n’ai pas reçu de calendrier de l’avant, parce que ça serait beaucoup trop de bière. Étrangement, ce ne sont pas que les microbrasseries qui m’approchent pour faire de la promotion. Il y aussi les agences touristiques. Par exemple, j’ai récemment travaillé avec Tourisme Cantons de l’Est, Bleu Feu, le gouvernement du Nouveau Brunswick, et l’État de New York!
Mais il faut dire c’est exigeant. J’ai eu des journées de 15 heures de travail pendant un bon moment et j’ai depuis décidé de prendre un peu plus de temps pour moi. Je veux garder mon énergie pour être capable de continuer à faire ce que j’aime faire. Cela signifie que “La Petite Bière”, c’est ouvert de 9h à 5h. J’ai deux cellulaires : mon cellulaire de travail ferme à 5h. C’est une question de choix.
Un cocktail de formations qui aboutit à la petite bière
J’ai suivi une formation de M.C Gilles, qui expliquait par exemple comment utiliser le même contenu sur différents réseaux sociaux en faisant des variations pour exploiter au maximum les algorithmes des réseaux.
Avec le même matériel, il est possible de faire des variations qui augmentent le traffic. L’idée, c’est d’utiliser le bon format pour la bonne plateforme. Tu peux aussi enregistrer le même clip d’une façon différente sur chacun des réseaux sociaux pour créer du contenu exclusif à chaque plateforme, et cela incite tes abonné(e)s à faire le tour des réseaux. Au final, tu crées beaucoup plus de trafic.
Le contenu qui fonctionne le mieux, c’est l’humour! Il ne faut pas sous-estimer l’humour au Québec. Quand je me suis mis à faire des farces, ça a tout de suite décollé sur Internet. Ce que je fais, c’est que je regarde le type de farce qui se font sur les plateformes et j’essaie de l’adapter à la bière.
À suivre!
Au départ, mon objectif était de promouvoir la bière artisanale, mais en voyageant. C’est justement le volet voyage que je voulais remettre au premier plan. En ce moment, je travaille avec deux compagnies qui engagent des créateurs de contenu comme moi pour guider des petits circuits exploratoires. Ce que j’aime, c’est qu’on choisit tous ensemble où et comment on veut explorer la scène artisanale. On prépare donc deux voyages d’exploration en 2023.
Je lance aussi mon propre podcast. Ce qui m’a inspiré, c’était l’exposition À la Vôtre au Musée d’Histoire de Sherbrooke, une exposition qui raconte toute l’histoire de l’alcool, en parlant des femmes et des tabous qui lui sont associés. Je trouve qu’il y a un tabou particulier sur les femmes qui boivent, et je pense qu’on n’en parle pas assez. Par exemple, je veux qu’on traite de la façon dont on aborde l’alcool avec les adolescents.
Émilie est une amatrice brassicole et culinaire connue sous le nom de « La petite bière ». Elle voyage au Québec et dans le monde pour rencontrer les acteurs de la bière artisanale. En plus de son blog, La petite bière est « bière-naliste» pour Ton Barbier, Nightlife.ca et Ton petit Look depuis juin 2018.
Par Pierre-Olivier Bussières
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