Pour répondre à cette question, il faut retourner au contexte géopolitique d’une Nouvelle-France dominée par l’Angleterre aux temps des guerres napoléoniennes.
Les draveurs et les bûcherons ont joué un rôle crucial dans l’industrie du bois au Québec sous le régime anglais. Leur travail consistait à abattre les arbres, les débiter en billes et les transporter sur les rivières jusqu’aux scieries. Ce commerce florissant du bois était étroitement lié au commerce international, en particulier pendant le blocus napoléonien.
Le blocus napoléonien, qui a duré de 1806 à 1814, a eu un impact significatif sur le commerce mondial. Les nations européennes étaient incapables d’importer du bois de Scandinavie, ce qui a créé une demande croissante pour le bois en provenance d’Amérique du Nord. Le Québec, avec ses vastes forêts, est devenu un fournisseur clé de bois pour l’Europe, stimulant ainsi la demande de travailleurs forestiers tels que les draveurs et les bûcherons.
Qui étaient les draveurs?
Les draveurs étaient responsables de l’acheminement des billes de bois sur les rivières. Ils dirigeaient les troncs flottants à travers les rapides et les cours d’eau tumultueux jusqu’aux scieries. Leur habileté et leur connaissance des cours d’eau étaient essentielles pour assurer un transport efficace du bois vers les zones de transformation.
La drave, liée aux papetières depuis 1910, prédominante jusqu’aux années 1980, impliquait des draveurs embauchés par les papetières. Les conditions de vie étaient difficiles, avec des variations selon les lieux, allant de tentes pour dormir à des conditions légèrement meilleures dans certains camps. C’était un travail mieux rémunéré que celui de bûcheron, malgré les conditions épouvantables.
Le terme “drave” vient de “driver” en anglais, signifiant ici guider les billots de bois sur la rivière. La drave était prédominante à Hull et à Charlevoix, même si le métier avait cour sur bien des courants. Il s’agissait d’un style de vie dangereux, rythmé par les aléas du temps. Les journées périlleuses de ces valeureux forestiers étaient consacrées à sauter d’une pitoune à l’autre avec habileté, en utilisant leurs longues gaffes pour déplacer les accumulations de bois tout en évitant soigneusement de tomber dans l’eau.
Qui étaient les bûcherons?
Les bûcherons, quant à eux, étaient chargés de l’abattage des arbres et de la transformation des troncs en billes de bois. Leur travail exigeait une force physique considérable, ainsi qu’une expertise dans l’utilisation des outils traditionnels tels que la hache et la scie. Les bûcherons ont contribué à alimenter le commerce du bois en fournissant une abondance de matières premières de qualité.
Le commerce du bois au Québec a profondément marqué la culture locale. Les draveurs et les bûcherons étaient souvent perçus comme des héros de la colonie, des figures emblématiques qui incarnaient la force et le courage nécessaires pour travailler dans les conditions difficiles de la forêt. Leur rôle était respecté et admiré, et leur influence se ressent encore aujourd’hui dans la culture québécoise.
Les chansons traditionnelles québécoises, telles que les chansons de la drave, sont un exemple de l’empreinte culturelle laissée par les draveurs. Ces chansons racontent les exploits et les défis auxquels étaient confrontés les draveurs sur les rivières tumultueuses. Elles sont devenues un symbole de la fierté québécoise et de l’héritage des travailleurs de la forêt.
En plus de la musique, la gastronomie québécoise a également été influencée par le commerce du bois. Les draveurs et les bûcherons travaillaient dans des conditions difficiles et physiquement exigeantes, ce qui nécessitait une alimentation riche et énergétique. Ainsi, des plats copieux tels que la tourtière, les fèves au lard et la soupe aux pois sont devenus des mets emblématiques de la cuisine québécoise.
Le commerce du bois a également eu un impact sur l’architecture québécoise. Les scieries qui transformaient le bois en produits finis ont prospéré et ont contribué à l’essor économique de la région. De nombreux bâtiments historiques au Québec sont construits en bois, témoignant de l’importance durable de cette industrie dans la culture et l’identité québécoises.
De nos jours, bien que l’industrie forestière au Québec ait évolué, les draveurs et les bûcherons sont toujours considérés comme des symboles de l’histoire et de l’identité québécoises. Leur travail ardu et leur dévouement sont rappelés à travers des festivals et des événements célébrant le patrimoine forestier, renforçant ainsi la fierté et l’attachement des Québécois à leurs racines.
En conclusion, les draveurs et les bûcherons ont joué un rôle essentiel dans l’industrie du bois au Québec sous le régime anglais. En lien avec le commerce du bois international et le contexte géopolitique, notamment le blocus napoléonien, ils ont contribué à l’essor économique de la région et ont profondément marqué la culture québécoise. Leur héritage se perpétue à travers la musique, la gastronomie et l’architecture, et ils restent des figures emblématiques de l’histoire québécoise.