L’Empire romain a connu une relation profonde avec le vin, tant sur le plan culturel qu’économique. Le vin occupait une place centrale dans la vie quotidienne des Romains, jouant un rôle vital dans leurs festivités, leurs repas et leurs rituels religieux. Sur le plan économique, la production et le commerce du vin ont contribué de manière significative à l’économie romaine, créant des emplois et générant d’importantes recettes fiscales pour l’État.
L’importance culturelle du vin
Le vin était étroitement lié à la culture et à la société romaines. Il était considéré comme un symbole de convivialité, de raffinement et de statut social. Les Romains buvaient du vin à diverses occasions, que ce soit lors de banquets fastueux, de célébrations religieuses ou de simples repas familiaux. Le dieu Bacchus (ou Dionysos chez les Grecs) était vénéré comme le dieu du vin et des festivités, renforçant encore davantage l’importance du vin dans la culture romaine.
L’Économie du Vin dans l’Empire Romain
L’économie du vin a prospéré dans l’Empire romain grâce à des vignobles florissants et à un réseau de commerce bien établi. Les régions viticoles les plus célèbres étaient situées en Italie, en particulier dans la région de la Campanie et le Latium, ainsi qu’en Gaule, en Espagne et en Afrique du Nord. La viticulture a créé de nombreux emplois, du travail dans les vignobles à la production de tonneaux et au transport du vin à travers l’Empire. Les recettes fiscales provenant de la production et de la vente du vin ont contribué de manière significative aux finances de l’État romain.
En l’an 79, l’érupsion du Vésuve àdévaste l’économie du vin et a des conséquences jusqu’en Gaule. En effet, c’est dans la région de Naples, est le principal centre de production viticole de l’empire roman. L’éruption du volcan détruit les plants et liquide la production, créant ainsi à la fois un important déficit et une opportunité en or pour les marchands de Rome. En moins d’un an, la région de Rome se dote de centaines de nouveau vignobles qui au dépens de la production céréale.
En réalité, le boom viticole est si grave qu’il empiète sur la production de denrées de base, causent une disette en pleine période de prospérité. C’est ainsi que l’empereur Domitien décrète, en l’an 92, une série de mesures pour limiter le nombre de vignogles au sein de l’empire, quitte à arracher la moitié des nouveaux vignobles en Gaule, maintenant en compétition avec les vins de Rome!
Le Vin de Falerne
Le vin de Falerne était l’un des vins les plus renommés de l’Empire romain. Il provenait de la région de Falerne, située dans l’actuelle Italie méridionale. Ce vin blanc doux était très apprécié pour sa saveur délicate et sa couleur claire. Il était produit à partir de raisins récoltés tardivement, ce qui conférait au vin une certaine douceur et une richesse en sucre. D’après l’auteur Pline l’Ancien, le vin de Falerne aurait été l’un des quelques 400 cépages connus au premier siècle de notre ère.
Les premières références au grand cru serait apparues vers 160 avant notre ère sous la plume de Pétrarque et la tradition, une des plus vielles cultures viticoles continues au monde, aurait perduré jusqu’à son abandon soudain au 19e siècle.
Le vin de Falerne était populaire parmi l’élite romaine, y compris les empereurs. Plusieurs empereurs romains, tels que Jules César, Auguste et Tibère, étaient connus pour apprécier ce vin raffiné. Sa rareté et son prestige en faisaient un symbole de luxe et de statut. Les bouteilles de vin de Falerne étaient souvent échangées en cadeaux diplomatiques ou offertes comme signe de faveur impériale. Le vin de Falerne, réputé pour son goût et sa capacité de garde, aurait aussi été privilégié par le médecin personnel de Marc-Aurèle. Le physicien de l’empereur romain aurait considéré ce vin, en particulier, comme un médicament et un aliment capable d’atténuer les maladies affligeant l’empereur durant ces campagnes germaniques.
Plusieurs empereurs romains étaient connus pour apprécier le vin de Falerne, notamment Jules César, Auguste, Tibère et Claude. Ces empereurs en faisaient un élément important de leurs festins et de leur culture gastronomique. Ils appréciaient notamment la richesse et la douceur du vin de Falerne, ainsi que son potentiel de vieillissement, ce qui en faisait un choix de prestige pour les occasions spéciales.
Les vins de Falerne, comme les grands crus romains, auraient été tiré de raisin blanc et aurait eu un goût de vin madérisé. Galien explique dans ses oeuvres que certains vins étaient chauffés dès le début pour en accélerer le vieillissement, ce qui aurait permis d’en garantir la préservation. Il était aussi courant d’enduire les amphores de résines de pin directement ou simplement d’en aromatiser le vin pour stériliser le tout. Les historiens ont recensé plus de soixante différentes plantes utilisées par les Romains pour épicer leur vin. Car les Romains aimaient leur rosé bien coriace et bien piquant.
Toujours d’après le Gallien, les vins d’Albe dans le Latium parviennent à leur sommet après quinze années. Pour Pline l’Ancien (23-79), le falerne moyen (vin de Campanie) entame sa maturité à partir de quinze ans ; ce n’est que dans les années qui suivent qu’il se révèle bénéfique pour la santé, se situant entre la jeunesse et la vieillesse. Mais les vins romains pouvaient-ils vraiment se garder aussi longtemps que les vins d’aujourd’hui, alors que la technique viticole a si radicalement évolué? Eh bien oui, on aurait pu, dans de rares cas, garder des amphores pendant 200 ans. Au sein des aristocrates et des puissants, il était commun de mélanger du vin dit vieux à du vin dit encore jeune.

L’Héritage du Vin dans la Postérité
Après la chute de l’Empire romain, la tradition viticole a survécu et s’est transformée au fil des siècles, influençant les cultures et les méthodes de production du vin dans toute l’Europe. L’importance culturelle et économique du vin dans l’Empire romain a laissé une empreinte durable, contribuant à façonner les pratiques vinicoles et les traditions festives des générations futures. Aujourd’hui, l’héritage romain dans le monde viticole est toujours visible, et le vin continue de jouer un rôle significatif dans de nombreuses cultures à travers le monde.
Fait-on encore du vin de Falerne aujourd’hui?
Le vin favori des empereurs Romains n’existe plus. Mais on trouve par contre des essais contemporains qui tentent de s’y rapprocher le plus possible. On note par exemple le Falerno del Massico dans le nord de la Campanie.
Pour en savoir plus
Quelques sources utiles
Qui nous redira l’ardeur capiteuse, le bouquet enivrant du Falerne ?
Le prix du vin dans les tavernes de Pompéi