La cuisine a une place à part dans l’histoire de la France. Tout comme la langue et le bon vin, cuisiner a souvent été une affaire d’État chez les rois de France. Plusieurs monarques ont grandement contribué aux classiques que l’on connaît aujourd’hui dans la cuisine française.
Les amateurs d’histoire ne peuvent ignorer Louis XII et son arrière-arrière-petit-fils, Louis XV. Au-delà de leur destin royal, ces deux monarques partageaient un amour prononcé pour la gastronomie et les plaisirs de la table.
Louis XIII, souvent décrit comme un grand épicurien, se délectait des mets les plus succulents de son époque. Viandes rôties, pâtés en croûte, gibiers fins et truffes défilaient sur sa table, accompagnés des meilleurs vins clairets que la capitale pouvait offrir.

Louis Cependant, cet appétit vorace eut raison de sa santé, précipitant sa fin prématurée à l’âge de 41 ans. Son descendant, Louis XV, adopta quant à lui une approche plus mesurée, préférant des soupers sobres en petit comité (50 convives seulement…), révélant ainsi une préférence pour la qualité plutôt que la quantité.
La cuisine des rois de France: chemin royal vers la séduction?
Ces deux passionnés des arts culinaires avaient également en commun le plaisir de mettre la main à la pâte. Louis XIII excellait dans la préparation des omelettes, un talent qu’il avait déjà développé dès son plus jeune âge. Dès l’âge de dix ans, il charmait déjà la Duchesse de Guise avec ses délicieux potages au lait.

Plus tard, il se distingua par ses pâtisseries raffinées, confectionnant des massepains, des gelées de coings, des beignets croustillants et des confitures aux saveurs saisonnières. Un siècle plus tard, Louis XV ne rechignait pas non plus à enfiler son tablier, dérogeant ainsi au protocole pour régaler ses convives. Ses omelettes réputées « à la fanatique », ses pâtés de mauviettes et son poulet au basilic demeuraient des incontournables de sa table royale, charmant plus d’un palais et conquérant le cœur de ses favorites.
Dans la cuisine de Louis XV: soupe à l’oignon et intrigues
Parmi les créations culinaires qui firent la renommée de Louis XV, on compte également la fameuse soupe à l’oignon. Une nuit, alors qu’il séjournait dans son pavillon de chasse, la faim le tenaillait. Dans une improvisation culinaire digne des plus grands chefs, le roi entreprit de concocter une soupe avec les maigres provisions à sa disposition : quelques oignons, du beurre et du champagne. Le résultat, d’une simplicité surprenante, se révéla être un délice inattendu, qui devint rapidement l’un de ses plats préférés et fut adopté par la cour avant de se répandre parmi les classes populaires.

Outre les omelettes, le « Bien-Aimé » excellait dans la préparation d’autres spécialités à base d’œufs. Il maîtrisait parfaitement l’art des œufs en chemise, ces œufs pochés enveloppés de blancs délicatement cuits. Mais c’est surtout sa technique impressionnante pour faire sauter le chapeau des œufs à la coque qui attirait l’attention et la fascination de ses convives.
Ce geste, exécuté avec une habileté remarquable, était devenu un véritable spectacle à la cour, attirant curieux et admirateurs pour assister à cette prouesse culinaire. Ce rituel était si attendu qu’un petit cérémonial en découla, avec l’huissier annonçant solennellement : « Attention, le Roi va manger son œuf ».
Ainsi se croisent les destins de deux monarques et la gastronomie. Si l’on sait que les arts de la table doivent beaucoup aux différentes cours d’Europe, il est moins connu que les rois et reines des différentes monarchies aimaient également s’adonner aux plaisirs des fourneaux. Cette tradition perdure même de nos jours chez les grands de ce monde.
Emmanuel Macron excelle dans la préparation des cordons bleus, le président finlandais, Sauli Niinistö, concocte lui-même ses risottos qu’il partage avec ses voisins, tandis que le Prince William est réputé pour sa sauce bolognaise (il se murmure même que son talent culinaire fut l’un de ses atouts majeurs pour séduire Kate).


Hervé Mina est chef pour la compagnie de traiteur Eldora, en Suisse. Avec plus de 15 ans d’expérience comme chef, il a dirigé plusieurs établissements culinaires en Angleterre et en Suisse. Hervé est aussi passionné par les origines des grandes recettes du monde.



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