🍺 🍻 Aux temps de la Nouvelle-France, les ratoureux curés faisaient office de super-héros. Aux prises avec des créatures étranges envoyées par nulle autre que Satan, ces êtres empreints d’une magie directement approuvée par Dieu le père jouaient des pieds et des mains pour déjouer les manigances du grand malin. À Trois-Pistoles, ville elle-même pleine de mythe, un certain curé a fait l’impensable : faire un pacte avec Satan pour édifier la monumentale église de Trois-Pistoles. Mais attention, les choses ne se sont pas passées exactement comme prévu pour le grand vilain de l’histoire…
Trois-Pistoles est une ville de légendes, fière de son histoire et de son patrimoine. Sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent, au sud-ouest de Rimouski, Trois-Pistoles donne directement sur l’estuaire, avec son merveilleux ensoleillement qui n’est jamais le même d’un jour à l’autre. Au fur et à mesure que Trois-Pistoles grandit, elle commence à s’éloigner de la rive et à gravir la colline. Petit à petit, on a commencé à construire plus à l’intérieur des terres. Qui dit construction dit églises. Trois-Pistoles avait déjà quatre églises, et les gens se battaient en haut et en bas de la colline pour décider où construire. Pour mettre fin aux querelles, le curé impose une trêve et envoie tout le monde à la prière.
Au neuvième jour, alors que le curé n’a pas encore fini son café, un jeune homme tout excité vient frapper à la porte du curé. Monsieur le curé, Monsieur le curé ? C’est un miracle, venez voir ça. Une grande plaque de neige était apparue sur la côte. On était au mois d’août. Tout avait été dit. Le ciel avait décidé. On a donc décidé d’installer l’église sur le carré de neige. Il faut dire qu’à ce moment-là, la ville s’appelait Notre-Dame-des-Neiges.
Mais cette église avait de l’ambition. On ne voulait plus d’une petite église provinciale. Non, les Pistolais rêvent d’une cathédrale, surtout le curé. Il faudra cinq ans pour construire l’extérieur. Et plusieurs autres pour achever l’intérieur, en utilisant plus de 25 essences de bois différentes. On peut encore admirer les cinq tours monumentales de l’église, entretenues par la Corporation du Patrimoine Religieux de Trois-Pistoles. L’église étant dédiée à Marie, le village s’est donné cinq ans pour la terminer avant la fête de la sainte, le 7 septembre.
Le vieux curé Bessette tient absolument à tout contrôler lui-même. C’est ce qu’on appelle un micro-gestionnaire. Il prend sur lui de gérer les chantiers. L’échéance arrive et il se rend compte qu’ils ne finiront jamais. Sur le plan religieux, le curé Bessette se retrouve en difficulté. Il est sur le point de perdre la face devant l’évêque du lieu. Il lui avait promis que le gigantisme de l’église, de la cathédrale, rayonnerait dans toute la région.
A grands mots, grands moyens. Le curé décide de sortir “Le Petit Albert”, un grimoire secret d’incantations pour invoquer le diable ! Le curé prend le taureau par les cornes et se met en devoir de convoquer Satan en personne pour délivrer l’Eglise à temps pour la fête de Marie. En deux, trois incantations, le diable offre immédiatement ses services d’une voix profonde et chaleureuse, et le marché est signé. Le prêtre aura son église et le diable aura l’âme du prêtre. Tout est bien. On se serre la main et chacun retourne à ses moutons.
Un seul ajout au contrat. Le curé demande au diable de se présenter en joual (lisez cheval, mais vite) Pourquoi ? Parce que les villageois vont “badtripper solide” s’ils voient que c’est le diable en personne qui va construire le véhicule pour le salut de leurs âmes. Le diable, toujours prêt à se déguiser, n’y voit que du feu ! Mais il est loin de se douter que le prêtre a tout prévu. Le prêtre se rend à l’écurie, prend une bride, la trempe dans un grand chaudron d’eau bénite et la jette sur le dos du cheval qui rumine. Dès qu’elle est autour du cou du cheval, le diable est sous le contrôle du prêtre. Le prêtre prend le contrôle du diable. Celui qui se croyait débridé est débridé.
Et pourtant, rien ne vaut un retournement de situation comme un autre retournement de situation. Le cheval, qui travaillait à plein régime 14 heures par jour sans interruption, transportait des montagnes de pierres à une vitesse vertigineuse. Bientôt, les villageois commencent à avoir pitié de lui. La pauvre bête travaille comme un diable ! Mais le curé veille. Il sait que tout dépend de la bride sacrée, qui doit être maintenue en place à tout prix. Mais même le courage du vieux curé Bessette n’est pas infaillible.
Alors qu’il prend sa pause café et regarde les informations diocésaines, un bon samaritain décide d’accorder une pause syndicale au cheval maudit en lui ôtant sa bride. Soudain, un énorme tremblement de terre se fait entendre. Le ventre de la terre s’ouvre. Le cheval arque son dos et s’élance dans un sillon de feu et de fureur. On le voit se diriger tout droit vers l’église. Le prêtre diabolique a été déjoué et le diable se tourne vers l’Église, prêt à lui arracher son âme !
…mais l’église n’est pas encore terminée. Le marché conclu entre les deux messieurs était que la livraison de l’âme se ferait après la construction de l’église. Pas plus fou que les autres, le curé a décidé que, comme par magie, la dernière pierre de l’église n’arriverait jamais à destination. On dit que le diable était en “beau maudit” lorsqu’il apprit qu’il s’était fait avoir pour la deuxième fois. Depuis, il rôde autour de l’église de Trois-Pistoles dans le vain espoir de la voir achevée, mais les bonnes gens de Trois-Pistoles ont compris qu’on ne détache pas la bride à un cheval…
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