Le parc linéaire du P’tit Train du Nord, une des plus belles pistes cyclable en Amérique du Nord, reprend une grande partie de l’ancienne emprise ferroviaire du Canadien Pacifique qui jadis sillonnait les Laurentides.

Ce chemin de fer, si important dans le développement régional, est le projet du Curé Antoine Labelle, le célèbre curé de Saint-Jérôme, bien porté à l’écran par le comédien Antoine Bertrand dans la plus récente cuvée des Belles Histoires des Pays-d’en-Haut à Radio-Canada.

De Montréal à Mont-Laurier : le Train du Nord du curé Labelle
Dans la seconde moitié du 19e siècle, le Québec est secoué par une grave crise sociale : l’émigration massive des Canadiens-Français vers les manufactures de la Nouvelle-Angleterre.

Les débuts ferrés du chemin du Nord

Il faut dire que les Américains mettent à l’avant -plan le chemin de fer, un élément essentiel à l’industrialisation et par le fait même une croissance rapide du pays. Le Curé Antoine Labelle, conscient de la gravité que représente l’exode rural des Canadiens-Français pour la nation, s’investit d’une mission : ouvrir les cantons du Nord à l’établissement de ses compatriotes.

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Mais pour faire cela, il sait pertinemment qu’il faut un chemin de fer pour les Laurentides! Arrivé à la tête de la paroisse de Saint-Jérôme en 1868, Antoine Labelle multiplie les initiatives pour faire valoir le bien fondé de son projet. On peut penser à ses correspondances avec le président du Canadien Pacifique, Hugh Allan, ses contacts parmi les politiciens fédéraux et québécois, en plus des corvées de bois de chauffage pour venir à la rescousse des moins fortunés de Montréal qui gèlent lors des rudes hivers de 1872 et 1876.

Curé Labelle P'tit train du Nord
le curé Antoine Labelle, instiguateur du projet du train du Nord

Ces initiatives finiront par mener à la construction d’un premier tronçon de chemin de fer en 1876, reliant Montréal à Saint-Jérôme. Durant les travaux, le curé Antoine Labelle joue le rôle de contremaître sur le chantier : il inspecte quotidiennement l’avancement des travaux, coiffé de son chapeau haut de forme, un cigare à la bouche.

Le premier tronçon est inauguré à Saint-Jérôme en octobre 1876, célébré par un somptueux banquet, comme seul le curé Labelle sait en organiser. Il faudra attendre encore quelques années avant que les travaux ne se poursuivent vers le nord, au-delà de la capitale des Laurentides. Impatient, Labelle aspire à relier la vallée de la rivière Rouge au Manitoba par le rail.

En 1882, le tronçon Montréal-Saint-Jérôme est acquis par le Canadien Pacifique, en passe de devenir l’une des compagnies ferroviaires les plus puissantes du Canada. Le curé ambitieux ne verra malheureusement pas de son vivant l’expansion ultérieure du projet, puisqu’il décède en janvier 1891. En 1893, le train atteint Saint-Jovite et Labelle, puis Nominingue en 1904 et enfin Mont-Laurier en 1909.

Malgré plusieurs projets visant à prolonger les rails jusqu’en Abitibi ou même Ferme-Neuve dans les Hautes-Laurentides, Mont-Laurier demeurera le terminus nord de la voie ferrée du Canadien Pacifique.

L’impact du train dans les Laurentides

La venue du train dans le Nord de Montréal favorise l’établissement de certaines industries d’envergure, notamment la papetière Rolland avec ses deux succursales à Sainte-Jérôme et Sainte-Adèle (Mont-Rolland). L’industrie forestière profite des voies ferrées pour acheminer le bois coupé vers les grands centres.

station train Mont-Tremblant
Première station de train du Mont-Tremblant

De nombreuses scieries locales vont s’établir à proximité du chemin de fer. L’industrie touristique est également stimulée par la présence du train du Nord. L’essor de la pratique du ski dans les années 1930 amènent les compagnies ferroviaires à lancer des trains spéciaux pour les skieurs. L’expression « P’tit Train du Nord » fait référence aux convois de trains de neige du Canadien Pacifique inaugurés en 1928.

Leur popularité légendaire connaît un sommet dans les années 1930, alors que 111000 skieurs utilisent le train lors de la saison 1938-1939. Dans tous les villages aux abords de la voie ferrée, hôtels, gîtes et restaurants font des affaires d’or, sans compter la multiplication des montagnes de ski. L’automobile commence à s’imposer dans les années 1920 comme le moyen de transport de l’avenir.

On élabore un réseau de routes nationales, l’ancêtre de nos autoroutes modernes. À moyen terme, cela causera le déclin de l’achalandage des trains. Dans les années 1950 et 1960, l’automobile et les autobus deviennent la norme en matière de transport des passagers. Les routes s’améliorent pour suivre la cadence. Dans les années 1980, on abandonne le service de transport de passagers en 1981, puis le transport de marchandise de manière définitive en 1989.

L’année suivante, les rails sont retirés. Déjà, des organismes souhaitent réutiliser l’emprise en vu de concevoir un parc linéaire. En 1996, on inaugurait à la pisciculture de Saint-Faustin la piste cyclable du P’tit Train du Nord, un parcours de 200 km entre la rivière des Milles-Îles et Mont-Laurier. De nombreuses gares ont été rénovées ou reconstruites pour servir de relais au nombreux cyclistes qui empruntent chaque année la piste cyclable.

Le P’tit train du Nord Aujourd’hui

Aujourd’hui, ce grand chemin a été vidé de son fer, remplacé par une longue voie asphaltée pour vélo. On peut circuler sur pas moins de 100 kilomètres sur une route bien entretenue au milieux de paysages époustouflants.

Le Temps d’une Bière vous propose un itinéraire détaillé des microbrasseries des Laurentides, dont plusieurs se trouvent justement à deux pas de la piste cyclable.

Pour les amateurs de vélo qui dispose d’un long week-end et qui veulent se rafraîchir d’une bonne bière, on vous propose ce petit itinéraire:

Microbrasserie Saint-Arnould P'tit Train du Nord
Microbrasserie Saint-Arnould à Saint-Jovite. Tout près du P’tit Train du Nord

Pour en savoir plus


Philippe Aubry, camionneur et historien, créateur du projet Histoire d’un Nord, une série de capsules vidéos sur l’histoire des Laurentides, Philippe Aubry est aussi camionneur dans la vie de tous les jours.

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