La vie à bord d’un bateau pirate anglais dans les Caraïbes au 17e siècle était à la fois aventureuse et dangereuse, marquée par un mélange de liberté, de discipline rigoureuse et de brutalité. Les pirates opéraient dans une région riche en ressources, le long des voies commerciales importantes entre l’Europe, les Amériques et l’Espagne. Leur mode de vie unique était influencé par le contexte géopolitique de l’époque, caractérisé par des conflits entre les puissances coloniales européennes, en particulier l’Angleterre et l’Espagne.
Le 17e siècle a été marqué par une rivalité intense entre l’Angleterre et l’Espagne pour le contrôle des richesses des Amériques, notamment les précieuses colonies espagnoles en Amérique du Sud et dans les Caraïbes. Les Espagnols avaient accumulé d’énormes trésors provenant de l’exploitation des mines d’or et d’argent, qu’ils transportaient à travers l’océan Atlantique vers l’Europe. Les Anglais, désireux de s’emparer de ces richesses, engagèrent des pirates pour attaquer les navires espagnols et s’emparer de leur cargaison. En échange de leur service, les pirates recevaient une part du butin, créant ainsi un environnement propice à la piraterie.
L’origine des pirates des Caraîbes
Les pirates anglais établissaient souvent des bases dans des îles reculées des Caraïbes, comme la Jamaïque et les Bahamas, où ils pouvaient se réapprovisionner, se réparer et se cacher des autorités. Ils opéraient à bord de navires rapides et manœuvrables, tels que les fameux “bateaux pirates” ou “frégates”, qui leur permettaient de surprendre leurs proies et de s’échapper rapidement. La vie à bord était rude et exigeante, avec des codes stricts de conduite dictant la répartition du butin, les punitions pour la désobéissance et la démocratie dans la prise de décision.
Cependant, le déclin des pirates anglais dans les Caraïbes a commencé à la fin du 17e siècle. Les gouvernements européens ont intensifié leurs efforts pour éradiquer la piraterie, considérée comme une menace pour le commerce et la stabilité régionale. Des flottes navales ont été envoyées pour pourchasser les pirates, détruisant leurs bases et capturant leurs navires. De plus, la signature de traités de paix entre l’Angleterre, l’Espagne et d’autres puissances a réduit les incitations à la piraterie en limitant les opportunités de pillage.
En fin de compte, le contexte géopolitique changeant, combiné aux efforts concertés pour mettre fin à la piraterie, a conduit au déclin progressif des pirates anglais dans les Caraïbes. Bien que leur époque dorée ait pris fin, leur légende continue de fasciner et d’alimenter l’imagination collective, laissant derrière eux un héritage complexe et ambivalent de rebelles maritimes.
Que buvaient les pirates ?
Nous avons tous vu Jack Sparrow dancer amoureusement avec sa bouteille de rhum. L’image du pirate des caraibes conjuge immédiatement une bouteille ronde, opaque et salee, dans les mains d’un vilain moustachu aux yeux sombres. Mais la vérité est tout autrement.
Contrairement à la croyance populaire qui les associe étroitement au rhum, les pirates en haute mer pendant l’âge d’or de la piraterie n’étaient pas les fervents buveurs de cette boisson que l’on pourrait imaginer. En réalité, le rhum tel que nous le connaissons aujourd’hui s’est popularisé après cette époque. Les pirates, souvent commandés par d’anciens officiers britanniques, avaient des goûts variés en matière de boissons alcoolisées. Leur préférence allait plutôt vers le vin, en particulier les vins fortifiés tels que le Madère ou le Porto, qui pouvaient mieux résister aux conditions de conservation en mer tout en offrant une dose appréciable d’alcool pour réchauffer les cœurs et les esprits lors des longues traversées.
Sur les navires pirates, lorsque les conditions le permettaient, des barils de bière étaient également stockés. Cette bière, souvent fabriquée à partir de mélasse, était une alternative plus légère et rafraîchissante aux vins fortifiés. Les pirates avaient une préférence pour les boissons qui pouvaient être stockées sans trop se détériorer et qui pouvaient offrir un soulagement bienvenu après des journées de dur labeur et de combats épiques en mer. La bière apportait un peu de variété à leur régime liquide et constituait une alternative agréable aux autres options disponibles.
En débarquant dans les ports, les pirates avaient également l’occasion de découvrir une variété de boissons locales. Cependant, le choix de boisson était souvent guidé par ce qui était disponible et abordable, car les pirates vivaient en marge de la société et devaient souvent s’approvisionner rapidement. Les ports leur offraient la possibilité de se détendre et de faire la fête, ce qui pouvait inclure une plus grande variété de boissons alcoolisées en fonction du lieu et de la culture locale. Ainsi, bien que le mythe du pirate avidement en train de siroter du rhum ne corresponde pas à la réalité historique, la diversité des boissons qu’ils consommaient reflétait la nature aventureuse et libre de leur vie en mer.
Le Grog: une nécessité vitale
Au 17e siècle, l’Europe de l’Ouest se jette à corps perdu dans les spiritueux et ce, suffisamment pour faire dire aux hérauts de la presse anglaise que l’apocalypse est imminente. L’élite anglaise s’affole à l’idée que la populace se laisse ravir par le puissant gin, ennemi de la productivité moderne…
Toutefois, ce qui affole Londres fait aussi le bonheur de son amirauté. Les produits de la distillerie (brandy, whisky, scotch, gin, etc.) offrent également un avantage militaire incomparable sur l’océan. Contrairement à la petite bière, les spiritueux ne surissent pas. Il suffit d’en verser un peu dans une portion d’eau pour tuer les agents pathogènes. Mais ce n’est pas tout : les spiritueux prennent bien moins de place que les fûts de bière. Pour une même quantité d’alcool, les spiritueux prennent beaucoup moins d’espace que la bière, permettant ainsi de réaliser des économies d’échelle.
C’est le vice-amiral Edouard Vernon qui introduit la formule magique par laquelle le fort remplace définitivement la petite bière comme boisson de prédilection de la marine britannique, une pratique qui sera ensuite adoptée par les autres grandes puissances de l’époque, avant de disparaître au crépuscule du 20e siècle. Vernon, un officier juste et respecté, présente le cocktail à son équipage lors d’un voyage dans les Indes Occidentales en 1740. Le grog àest constitué à 50% de rhum, et à 50% d’eau, avec une soupçon de sucre et de jus de citron (quand c’est possible) pour combattre le scorbut.