🍺 🍻Charles Joughin était , chef boulanger du RMS Titanic. Quand l’alarme a sonné, il s’est précipité vers les fourneaux pour faire du pain. Ce qu’il a fait ensuite est tout simplement incroyable. Son incroyable survie, considérée comme presque physiologiquement impossible, avait été attribuée à sa décision de boire de l’alcool pour affronter la catastrophe. Cela contredisait l’idée générale selon laquelle un homme ivre gèle plus rapidement qu’un homme sobre, car la vasodilatation provoquée par l’alcool réchauffe la peau. Qu’est-il arrivé?
Qui est Charles Joughin?
Charles était le maître patisser à bord du Titanic. C’est lui qui dirigeait l’équipe de 15 hommes qui produisait chaque jour le pain frais servi aux quelque 2 201 personnes à bord du gigantesque navire Titanic. Ce personnage apparaît dans le film de James Cameron sorti en 1997. On le voit à plusieurs reprises boire ce qui semble être du whisky dans une petite flasque. À la toute fin, Charles est le seul autre personnage à sombrer en dernier avec Jack et Rose, tout cela après avoir vidé sa bouteille d’un trait. Une dernière pour “la route”, comme on dit.

Au moment du naufrage, Charles devait avoir 34 ans. C’était un habitué de la bouteille, connu pour son amour de l’alcool. Au moment où retentit l’alarme, le pâtissier avait déjà un verre dans le nez. Une sonnerie le ramène à la réalité. Le temps d’évacuer ? Au contraire, on l’envoie immédiatement dans la pâtisserie pour préparer des pains. Oui, oui, alors que le Titanic commence sa descente inexorable dans les profondeurs de l’Atlantique, Charles court comme un fou pour fabriquer les petits pains de sauvetage.
Mais pourquoi lui donne-t-on l’ordre de préparer des pains? Les navires comme le Titanic ont tous, selon le protocole, de larges stocks de rations de survie. Parmi celles-ci, il y a l’immortel “hardtack”, un biscuit si dense et si sec qu’il peut durer des générations sans pourrir. Il faut le mouiller pour le ramollir et le rendre comestible. Mais qui voudrait manger un tel aliment ?
Le Titanic était conçu pour accueillir des aristocrates. Plutôt que de se contenter de cette nourriture médiocre sur les radeaux de fortune dans la nuit glaciale du nord, il était préférable d’avoir du bon pain frais. Par conséquent, il était impensable d’évacuer sans des rations un peu plus décentes. (Note : Selon d’autres témoignages, les pâtissiers n’auraient fait qu’apporter des pains déjà préparés à bord des canots.)
Une fois sa mission accomplie, Charles se rend sur le pont où l’évacuation se déroule dans un chaos total. Les canots de sauvetage sont chargés dans le désordre, les hommes s’impatientent, l’accès à la troisième classe est refusé, et certains refusent de croire que le navire va couler : ils ne veulent tout simplement pas monter à bord des canots.
Charles, à qui on avait promis une place, commence à perdre patience. On lui demande de revenir plus tard. Pendant qu’il attend, on peut l’imaginer en train de boire une gorgée ou deux, bien éméché, tapant du pied en voyant de pauvres femmes paniquer devant les canots de sauvetage. On raconte que Charles aurait attrapé des femmes et des enfants – comme des miches de pain – et les aurait jetés dans les petits canots. Hop ! Ainsi, Charles aurait “sauvé” peut-être une dizaine de personnes.
Mais lorsque son tour vient pour évacuer, on lui annonce qu’on a donné sa place à trois hommes. Charles se retrouve prisonnier du navire, seul avec sa bouteille. Résigné, il monte au dernier étage et commence à jeter des chaises à la mer, objets qui aideront certains survivants à se maintenir en vie.
Mais pourquoi sait-on autant de choses sur Charles Joughin ?
Parce que, aussi incroyable que cela puisse paraître, notre pâtissier héroïque a survécu au cataclysme! Une heure et 40 minutes après que le navire a sombré, le premier canot de sauvetage s’approche du dernier point de contact avec le Titanic, alors avalé par l’océan. On trouve Charles endormi sur un débris. Ses cheveux ne sont même pas mouillés. À cet endroit, on peut mourir d’hypothermie en moins de dix minutes. Or Charles dira plus tard en entrevue qu’il n’a rien ressenti, attribuant sa survie miraculeuse à une héroïque dose de whiskey.
Comment a-t-il survécu?
Premièrement, Charles a été le dernier à tomber à l’eau, ce qui lui a donné une longueur d’avance contre l’hypothermie. Ensuite, le calme (ici velouté par le whiskey) aurait permis à Charles d’économiser son énergie une fois tombée dans l’eau. Il aurait nagé en surface pendant près d’une heure avant de se hisser su un bateau de sauvetage qui avait chaviré. Lorsqu’il a été retrouvés, seuls ses pieds souffraient d’engelure.
C’est bien connu, l’alcool augmente les risques d’hypothermie, en déshibant aux sensations de froid. Alors comment expliquer que Charles ait été en mesure de nager si longtemps dans l’eau glaciale? En réalité, la majorité des nageurs qui périssent noyés ont sont rarement assez longtemps dans l’eau pour que leur température corporelle chute à des niveaux critiques. Les causes de mort sont le plus souvent la noyade elle-même ou l’arrêt cardiaque, y compris dans les eaux froides. Cela est dû à ce que l’on appelle la réponse au “choc du froid.”
En dessous de 15 degrés, la froideur de l’eau a pour effet d’accélérer le rythme de respiration, ce qui peut causer le malheureux nageur à avaler l’eau à grande gorgées. Il s’en suit un effet rétroactif aussi inévitable que fatal : on respire plus vite car on manque d’air et on on avale plus d’eau parce qu’on respire plus vite.
Plusieurs doutent que l’alcool ait été responsable, ou que Charles ait vraiment nagé près de deux heures. Il se contredit lui-même dans ses témoignages en déclarant n’avoir bu qu’une goutte de whiskey avant de se jeter à l’eau. L’alcool aurait peut-être notre bon héros à cesser de s’inquiéter, mais on soupçonne un certain côté téméraire qui aurait sans doute un peu aidé notre bon gaillard à s’accrocher à la vie…aidé par l’heureuse trouvaille d’un canot renversé!
Charles Joughin: quelle vie après le Titanic?
Joughin revient par la suite en Angleterre et a témoigne sur le naufrage titanesque devant John Bigham, 1er vicomte Mersey. Après la tragédie, on pourrait croire que Charles Joughin aurait voulu dire adieu à l’océan une fois pour toute. Mais non, Charles retournera par la suite comme pâtissier dans la marine américaine durant la première et seconde guerre mondiale.