Ícono: Une réécriture de l’histoire de la bière à Mexicali


Texte d’Anabel Manzano “Lupulina”. Anabel a toujours aimé raconter des histoires et, un jour, elle a découvert qu’être journaliste est le plus beau métier du monde. En chemin, elle a trouvé une pinte de bière artisanale et a fusionné ses deux passions à Desde la Barra.

«Il faut faire les choses non pas avec le cœur, mais avec la tête, et il doit y avoir de la passion, définitivement.» – Oscar ‘Totis’ Rodríguez, directeur général de la brasserie Ícono.

La brasserie Ícono est née du mélange d’un amour de la bière et d’un sens aigu des affaires de son fondateur, Oscar ‘Totis’ Rodríguez. L’entreprise, qui célèbre sa troisième année d’existence, prévoit déjà une expansion au-delà de Mexicali en se laissant inspirer par la multitude de bières locales de qualité de la région.

Ícono conjugue des éléments du passé avec la fraîcheur de ses bières conçues pour étancher la soif dans une ville où la chaleur est extrême. Avec des noms tels que La Nueva, Altiva, Chicali, Cuervos, California 70 et Hardy, qui font tous référence à des symboles de la ville, la brasserie souhaite s’approprier un lieu emblématique pour raconter des histoires avec ses saveurs.

D’ailleurs en parlant de voyages dans le passé, Ícono est un projet qui a été conçu il y a 5 ans, à une époque où les brasseries artisanales de Mexicali connaissaient des heures fastes. Ces succès ne remplissaient toutefois pas toujours les poches des brasseurs.

Telle était la principale préoccupation des investisseurs, dirigés par Oscar “Totis” Rodriguez. En tant que client régulier d’endroits comme Amante, el jardín de Urbana, et les bières de Fauna, il a accumulé une riche palette de connaissances sur le monde brassicole.

Totis a bientôt commencé à discuter avec des brasseurs, dont certains lui disaient que la fabrication du bière était avant tout “un amour pur de l’art”. Insatisfait de ce genre de réponse, il a décidé d’explorer toutes les pistes de réflexion que lui offrait le panorama étrange du monde brassicole.

Ce qui ne peut pas être mesuré, ne peut pas être amélioré

C’est en dégustant les produits de brasseries et en discutant avec les fondateurs de celles-ci qu’Oscar s’est initié à la bière artisanale. Toutefois l’idée de créer une entreprise dans le secteur l’a conduit au troisième et crucial élément : les chiffres.

Il a donc consulté un comptable qui connaissait bien la scène de la bière locale et l’a aidé à structurer un plan d’affaires, avec des objectifs clairs et réalisables. Pour finaliser son modèle, Oscar voulait s’assurer d’offrir un produit répondant à une demande, garantissant ainsi la rentabilité de l’entreprise.

«La vérité est que j’aime beaucoup la bière artisanale, et j’ai le plaisir de rencontrer un grand nombre de brasseurs locaux. J’ai vu comment ils travaillaient et mon souci était de me consacrer, par passion, à quelque chose dans lequel je devais faire des affaires. J’ai été très impressionné par le fait que vous devez faire les choses non pas avec votre cœur, mais avec votre tête, et il doit certainement y avoir de la passion», soutien-t-il.

Avec des chiffres bien définis, Oscar et Alejandro Caso, son partenaire dans la brasserie, ont décidé de se lancer dans le vide avec une nouvelle proposition sur la scène de la bière artisanale du pays.

De Mexicali à Ícono

La brasserie a donc été inaugurée le 31 mai 2019, bien qu’elle ait eu son lancement quelques jours auparavant au Ensenada Beer Fest, raflant du coup deux médailles dans la Copa Cervecera del Pacífico : l’or avec La Nueva (Hazy IPA) et la bronze avec Hardy ( Double API).

Le nom Ícono a été proposé par une agence de publicité. Oscar l’a tout de suite aimé et a cherché un endroit de la ville qui l’identifierait. Grâce à une série de coïncidences et d’amitiés, il a réussi à louer une partie du bâtiment qui abritait la Brasserie Mexicali.

Moins de deux ans se sont écoulés pour en faire l’un des espaces de bière les plus visités de Mexicali. L’espace d’Ícono est pensé pour les clients locaux, de la conception de l’espace aux bières. «Notre modèle commercial repose sur l’envie d’offrir un oasis de repos aux personnes qui souffrent de chaleur, et ce, dans un grand espace, réfrigéré, et avec un service aux tables», nous confie Oscar.

La brasserie s’est rapidement positionnée dans le radar des amateurs de bières, et même de ceux qui n’avaient jamais essayé les bières artisanales. D’ailleurs, le succès de la brasserie attire tant les cadres que les ouvriers du secteur industriel.

« Nous offrons une expérience à ceux qui séjournent à Mexicali, tout en attirant ceux qui quittent régulièrement la ville pour la fin de semaine, en raison du manque d’attractions touristiques et de la météo », déclare-t-il.

Le premier brasseur d’Ícono était Alfredo Rodríguez (MalBicho), Il fut chargé de brasserie capable de produire 5 BBL (baril de bière, un baril équivaut à 31 gallons) ainsi que les premières recettes. La production est actuellement entre les mains de Roberto Coronado, et ils brassent plus 32 000 litres de bière par mois, dont la quasi-totalité est vendue directement sur place.

De chef à brasseur

Roberto a étudié la gastronomie, a travaillé comme chef dans un restaurant local, comme livreur pour Uber Eats et a rejoint Ícono en tant qu’assistant de production. Quand Alfredo est parti, Oscar a commencé à chercher un brasseur et s’est rendu compte de l’initiative et du talent de Roberto, qui a commencé à créer de nouvelles bières, « il est un atout et l’une des meilleures choses qui me soient jamais arrivées », nous confie Oscar.

Avant de reprendre les rênes de la cuisine, Roberto partageait son temps entre la brasserie et l’université, où il donnait des cours de restauration, « Je me souviens très bien de ce jour-là, Totis m’a proposé de prendre la relève, il m’a donné une période de trois mois pour prouver si je pouvais faire le travail, et j’ai accepté sur un coup de tête. Je savais que je devais me perfectionner en tant que brasseur, et maintenir ou améliorer la qualité des bières, pour continuer dans ma position », confie Roberto.

Roberto considère que faire de la bière est un art. Cela passe par imaginer la recette, combiner les ingrédients, contrôler les processus, et si tout se passe bien, ça se termine par un « Ah, wow! Quelle bonne bière ! ».


« Sans romantisme, faire de la bière, c’est mon travail. C’est pourquoi j’ai toujours bien réussi, mes revenus en dépendent », déclare Titos.

Bien qu’elle n’ait pas de saveur fétiche, la brasserie aime créer des cervezas faciles à boire, capables d’étancher la soif des locaux, « pour que les gens en boivent plusieurs, au final c’est un business et il faut vendre. Ça les inspire à revenir chez Ícono, car ils savent qu’ils trouveront ce qu’ils aiment ».

En ce moment, Roberto analyse les possibilités d’en apprendre davantage sur le brassage en continuant ses études à l’étranger, car c’est un monde qui le passionne et qu’il souhaite continuer à faire longtemps.


Découvrez la deuxième partie de cette histoire: À venir sous peu!

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*Images avec l’aimable autorisation de la brasserie Ícono

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