Che Che, une référence sur la scène de la bière artisanale de la Basse-Californie

Texte d’Anabel Manzano “Lupulina”. Anabel a toujours aimé raconter des histoires et, un jour, elle a découvert qu’être journaliste est le plus beau métier du monde. En chemin, elle a trouvé une pinte de bière artisanale et a fusionné ses deux passions à Desde la Barra.

« Les ambassadeurs du développement de la culture de la bière au Mexique sont les brasseurs » José Eduardo ‘Che Che’ Arce

Pour comprendre la scène de la bière en Basse-Californie, l’histoire de José Eduardo Arce est essentielle. Depuis 12 ans, “Che Che” joue un rôle fondamental dans le développement de la bière artisanale mexicaine, non seulement en matière de brassage, mais aussi en terme de formation et de gestion.

Che Che est brasseur, Certified Cicerone, juge de bière, enseignant et organises même des concours internationaux. Avec Bruer, sa marque, il a remporté plus de 30 médailles depuis sa première participation en 2017 et, chemin faisant, il a enseigné le brassage à une cinquantaine de personnes. Il a d’ailleurs présidé le Ensenada Homebrewers Club et l’Ensenada Craft Brewers Association (ACAE).

Brasseur amateur en solo

Au début de 2010, les voyages de Che Che à San Diego avec son groupe d’amis avaient pour but d’essayer des bières artisanales. Il a commencé par des ales pâles et l’IPA de Stone Brewing. Après cela, son intérêt s’est porté directement sur le brassage à domicile : il a fait des recherches sur Internet, lu des livres et acheté un petit kit pour mettre la théorie en pratique, notamment le livre How to Brew de John Palmer.

Che Che est devenu un brasseur amateur solo, car pendant un certain temps, il n’avait personne avec qui échanger des informations, « le groupe qui existait à l’époque était un peu fermé et il y avait très peu de brasseurs. Lorsque le premier Ensenada Beer Fest a eu lieu, il y avait des brasseurs de tout l’État, nous avons parlé des styles, du processus, de la façon de mieux utiliser le houblon. La communauté a commencé à se développer et j’ai dû apprendre à de nombreux amis comment brasser de la bière. »

Professeur Che Che

Che Che est méticuleux et perfectionniste, et il apprend constamment. Cette année, il a obtenu le diplôme Cicerone Certificate, et en 2023, il passera l’examen du troisième niveau : Cicerone Advance, « J’ai toujours pensé que l’éducation était importante dans le monde de la brasserie. »

Professeur à la faculté de gastronomie et d’œnologie de l’université autonome de Basse-Californie (UABC), il enseigne les principes et la dégustation de la bière, et partage son temps au centre de sommellerie et de spécialité culinaire de Basse-Californie (CESCBC).

Un enfant qui s’appelle bière

En 2016, Che Che dit adieu à ses revenus sûrs, et parie sur la bière. « J’ai décidé de me consacrer à la bière. J’ai pris un risque parce que j’étais vraiment passionné, je me suis dit que je voulais vivre de ça et essayer d’en faire une entreprise qui me donne les revenus pour me consacrer à 100%. J’ai laissé tomber mon emploi avec tous les doutes et les craintes de manquer d’argent pour mes engagements dans la vie adulte, j’ai eu beaucoup de soutien de ma femme Violeta », se souvient-il.

Il a ensuite eu une installation de 55 gallons, produisant 200 litres par mois. Che Che a élaboré un plan quadriennal afin de faire passer la brasserie au niveau supérieur. « Si en 2020 je n’ai pas un équipement plus grand, et une production plus stable, je ne pense pas que ça va marcher, je me suis dit. »

Fin 2018, en collaboration avec Cardera, ils y sont parvenus et Bruer produit actuellement environ 14 000 litres par mois (120 BBL). Outre la Basse-Californie, leur marque est présente à Mexico, Monterrey, Culiacán, Guadalajara et Playa del Carmen.

« Comme tout entrepreneuriat, c’est compliqué, il faut des objectifs et des buts. Heureusement, nous en sommes à un point où nous avons un produit accessible pour plus de clients, le retour sur capital que nous continuons à investir dans l’équipement, et d’ici 2023, nous allons croître de 60 BBL (7 000 litres) », lance-t-il.

Bruer partage un espace avec Cardera dans le Colectivo Cervecero del Norte (CCN), ils partagent les dépenses (loyer, services), ils ont acheté ensemble une conserverie, et chacun a son propre équipement. Ils partagent également la salle de dégustation.

Les brasseurs se doivent de générer de la culture

« Au début, nous achetons des marques commerciales pour nous saouler, nous rafraîchir. En réalité, les ambassadeurs du développement de la culture de la bière au Mexique sont les brasseurs », déclare-t-il.

Il a souligné qu’au-delà du prix, les consommateurs de produits artisanaux paient pour la valeur du produit, et que les brasseurs doivent établir un lien sincère avec ceux qui n’en boivent pas encore parce qu’ils pensent que les produits sont trop amers ou trop forts. « Il existe un marché au-delà du prix, sinon vous ne verriez pas de brasseries se développer. »

*Images reproduites avec l’aimable autorisation de Bruer

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