🍺 🍻 L’alcool tue, corrompt et rend méchant! C’est ce qu’on peut entendre dans les rues devant les fameux saloons américains vers 1850. Vers le 19ème, la Mère Whisky et le Roi Bière asservissent les gosiers d’une bonne partie de la population des États-Unis. L’Église, les femmes et les grands patrons d’entreprise joignent leur forces pour attaquer le mal à la racine et assécher l’Amérique.
Il faut dire que depuis quelques années, on commence à considérer l’alcoolisme comme une corruption par le diable. Les excès ,par contre, sont bien réels: violence domestique, maladie chronique, ébriété chronique. Le whisky est abordable et les débits d’alcool de plus en plus nombreux. Il faut agir avant qu’il soit trop tard, pour les salut des âmes!
Certes, mais un pays peut-il soudainement imposer la sobriété par la loi? Les États Unis d’Amérique tentent l’expérience en votant – incroyablement – le bannissement de l’alcool. De 1920 a 1933, la concoction, la vente, l’importation et l’exportation d’alcool sont tout bonnement interdites. Bizarrement, la consommation demeure permise et les causes médicinales ou religieuses sont exemptées (de même que le cidre). Ces contradictions, combinées avec la popularité croissante de l’alcool, vont créer toute une économie souterraine, avec toute sa quincaillerie d’apprenti distillateurs, de barons du crime, de comptoirs clandestins et de victimes.
L’affaire tourne vite au vinaigre quand le Bureau de la Prohibition, chargé d’appliquer la loi, est lui-même accusé de corruption! Ce sera finalement les excès de vigilance, la Grande Dépression et les dangers de l’alcool frelaté qui conduiront au lever de l’interdit. Mais attention, l’affaire n’est pas close pour autant. Bien des brasseries – la majorité en fait – périront avant de voir la lumière au bout du baril. La prohibition a d’ailleurs changé la culture, l’industrie et l’opinion publique sur l’alcool. Un spectre demeure sur la consommation individuelle, qui est encore assez mal vue…
Petite note sur la statistique de production de bière , qui augmente de façon fulgurante a partir de 1860. Je dis dans le balado que la production passe d’un million de litres à six millions de litres en moins de sept ans. Le compteur avisé réalisera vite que ce nombre est infime. Il s’agit en réalité de barils, et non de litres. D’ailleurs, pour la petite histoire, un baril américain fait environ 117 litres. Au Royaume-Uni, c’est plutôt 164.